
Christian Lacroix, entre tradition et modernité
Attention, ce texte s'adresse exclusivement aux amoureux des couleurs féroces et éclatantes.Lacroix dessine.Lacroix compose. Lacroix imagine. Qui devinerait que derrière ce regard ténébreux se cache une un telle imagination foisonnante inspirée du Sud de son enfance? S'il ne fallait retenir qu'un couturier pour incarner les années 1980, ce serait lui.Christian Lacroix, c'est le folklore, les taureaux, l'Espagne et les gitanes; mais c'est aussi 60 points de vente en france et 1000 dans le monde. Si les célébrités du monde entiers n'ont su y résister, Larousse et Air France non-plus.
« Je suis né le 16 mai 1951 à Arles, sous le signe hautement symbolique du taureau », déclare le couturier. En fait, il est né de l'autre côté du Rhône, à Trinquetaille, mais qu'importe: il est habité par la Camargue et les ferias. Enfant, il découvre dans le grenier de ses grands-parents un trésor: des volumes reliés de la Mode Illustrée de 1860. C'est le déclic.En 1971, Lacroix fait ses premiers pas dans le monde de la mode chez Hermès.C'est la même année qu'il rédige un mémoire prémonitoire sur « Le costume à travers la peinture au XVIIème siècle » et qu'il rencontre Françoise. Derrière chaque grand homme se cache une femme: grâce à elle, celui qui se destinait à être conservateur de musée se lance dans la Haute Couture aux côtés de Jean Patou.Saisons après saisons, le couturier va éblouir les podiums dans une débauche de couleurs et d'extravagance. Son travail est récompensé en 1986 par un premier Dé d'Or. L'année suivante, un award du créateur le plus influent lui est décerné à New York.C'est avec le soutient financier du groupe LVMH (NB: Louis Vuitton Moët Henessy dirigé par Bernard Arnault) que la Maison Christian Lacroix voit le jour en 1987.La première depuis Yves Saint Laurent en 1962.« Mon métier, c'est d'être un peu visionnaire et de raconter une histoire autour d'une image », déclare-t-il.De Don Juan à Phèdre, Lacroix réalise avec audace et démesure les costumes d'un nombre impressionnant d'opéras et de pièces de théâtre. Non content d'être l'un des couturiers les plus célèbres de la planète, il s'illustre dès 1995 dans le milieu du design en lançant des lignes de linge de maison, d'orfèvrerie et de porcelaine. Après avoir rhabillé le Petit Larousse en 2004 et l'intérieur d'un hôtel du Marais, Lacroix repense les uniformes et l'urbanisme.De Paris à Tokyo, les employés d' Air France exhibent le chic français.Plus terre à terre, la ville de Montpellier le sollicite pour imaginer le nouveau tramway prévu pour 2010.Ce qu'il cherche, c'est finalement « designer le monde sous toutes ses facettes ».

Ce que fait l'enfant d'Arles, c'est par passion: amour de la beauté, du baroque et du métissage: « Il n'y a aucun aspect financier dans mes choix. Je n'ai qu'une chose à dire, mais cette chose évolue sans cesse », clame le couturier qui a su remettre au goût du jour les techniques artisanales ancestrales.Parce que l'avenir est fait des éléments revisités du passé, les savoirs-faire doivent impérativement être préservés.Même la journaliste mondaine Julie Baumgold reste le souffle coupé: «la dernière fois que l'on nous a donné à voir des robes d'une telle virtuosité et d'un luxe aussi parfait c'était probablement au 17ème siècle ». « Magnifique », « Bouleversant », les bravos sont unanimes.
« La différence est la clé de tout »
L'artiste sait mêler esthétique et utilité en s'inspirant de l'espace, du temps et du monde de l'imaginaire.Même si de nos jours la mode se fait plus frileuse, Lacroix continue de croire que la « différence est la clé de tout ».Pour lui, bien des choses sont à revoir dans l'univers du luxe.Rachetée récemment par Falic Group à cause de résultats jugés trop insuffisants, la maison Christian Lacroix cherche à se différencier d'une image trop élitiste de la mode: « Rien ne va changer », déclare Geoffroy De la Bourdonnaye, PDG du groupe. Alchimiste des temps modernes, Lacroix continuera à donner des couleurs à une époque qui souvent en manque....
Collection printemps-été 2007